L'aventure médiatique de Pierre Le Ménahes, le métallo qui était face à Nicolas Sarkozy lundi, s'est poursuivie hier soir, par un passage sur le plateau du «Grand journal» de Canal+.
«Ce que partagent les Français, ce sont les licenciements». Lundi soir, cadré serré par les caméras de TF1, Pierre Le Ménahes, le leader CGTde la SBFM (*), affiche la «gueule» des mauvais jours. Celle qu'il adore arborer quand il doit monter sur le ring des luttes syndicales quelques secondes avant de frapper fort pour ne pas mettre un genou à terre.
Droit face à Sarkozy
Avec Nicolas Sarkozy, le patron des Français qui ne traîne pas derrière lui la réputation d'être un «perdreau de l'année», le combat est pourtant loin d'être gagné. Qu'importe. Le coude gauche (évidemment) scotché sur sa table, il ne perd pas de vue une seule secon
de son adversaire, guettant chez lui la moindre faiblesse. «Elle est facile celle-là», décoche le métallo quand NicolasSarkozy ose comparer le salaire des joueurs de foot à celui des capitaines d'industrie. Même Jean-Pierre Pernaut, «l'arbitreofficiel» de la partie qui joue la montre en faveur de sa chaîne et de son prestigieux hôte, hésite à le stopper.
«Un comédien»
«Nicolas Sarkozy a été très bien dans son rôle de comédien. Avec lui, ce n'est qu'une succession d'effets d'annonce. Il n'a pas son pareil pour biaiser et éviter les questions de fond». Contacté hier matin par téléphone et bien qu'il ait dû «dormir vite» pour cause d'interviews à la chaîne, Pierre LeMénahes est loin d'être KO. «Après l'émission, je ne l'ai pas lâché et j'en ai profité entre deux portes pour lui dire qu'il faut qu'il arrête d'être sourd et aveugle aux revendications des salariés». En refaisant le match, Pierre LeMénahes nourrit-il un regret? «Oui, de ne pas avoir réussi à faire prendre conscience au président de la République qu'il y a, en France, une véritable souffrance et qu'il est temps qu'il s'en occupe».
«Avec l'accord des gars»
Cette combativité face à l'homme le plus puissant de France n'a pas échappé aux producteurs du «Grand journal», l'émission phare de Canal+présentée par Michel Denisot. «J'avais à peine terminé avec TF1 que Canal me téléphonait pour m'inviter le lendemain. Avant de dire oui, j'ai contacté les gars, à Caudan. Et de nouveau, ils m'ont dit d'y aller. À leurs yeux, c'est la meilleure façon de défendre la boîte et d'être le porte-parole de tous les salariés qui sont dans la merde». Devant tant de pression médiatique - sur le Net, c'est lui qui fait le buzz depuis lundi - le métallo de la SBFM ne va-t-il pas finir par péter un câble et marcher sur l'eau? «Pour ça, je compte sur les gars. Si par malheur, je prends la grosse tête, ils seront les premiers à me le dire. Là-dessus, je leur fais confiance. Ils ne me louperont pas», assurait-il quelques jours avant de monter à la capitale...
* Dans l'article mis en ligne lundi, Pierre Le Ménahes indiquait qu'il en voulait à Bernard Thibault, de ne pas être venu le voir. En fait, les salariés regrettent que le secrétaire général de la CGT, qui est bien venu à leur rencontre l'an passé, ne se soit pas déplacé jusqu'à leur usine, à Caudan.
- Yann Le Scornet
Le télégramme - le 27/01/2010