Le marché des charcuteries étrangères est très intéressant. Pas tant par la place qu’il prend en rayon (les Italiens et les Espagnols, réunis, n’assurent par exemple qu’un petit quart du chiffre d’affaires des jambons secs), mais par les marges qu’il génère.
Jouissant d’une bonne image auprès des Français, nombre de spécialités étrangères sont vendues confortablement par les distributeurs, à l’abri des bagarres sur les grandes marques (nationales) du rayon. Ce matelas de marge permet aussi, de temps en temps, de dynamiser la coupe avec quelques promos percutantes (en assumant le risque qu’un prix divisé par trois laisse transparaître le dit niveau de marge).
Hormis ces promos, donc, les enseignes n’ont guère d’inquiétudes à se faire sur la fixation des prix de vente. Ce qui ne les empêche pas de vouloir améliorer leurs conditions d’achat. Justement, depuis deux ans, les centrales voient défiler avec plaisir de nouveaux interlocuteurs : de gros industriels italiens, qui n’avaient pas encore cherché à s’installer sur le marché français.
Après Montorsi, Citterio ou Beretta, ce sont en effet des groupes comme Parmacotto, Rovognati et, depuis cette année, GSI (Grandi Salumifici Italiani), avec ses 499 M€ de CA, qui poussent la porte des enseignes.
Une religion qui n’interdit pas les MDD
A chaque fois, le discours caresse les oreilles des acheteurs : usines certifiées, qualité contrôlée, grandes capacités de production (logistique à l’avenant) et, la plupart du temps, une religion qui n’interdit pas les MDD. Pas étonnant que les assortiments à marque de distributeur se développent à un rythme effréné.
En face, les Espagnols défendent leur pré carré. « Nos charcuteries nationales ont trouvé leur place en France, pas seulement sur le segment des prix bas, expose Josep Buixeda, manager export pour le groupe Noel. Le créneau est plutôt celui du bon rapport qualité-prix. » Cela dit, la demande de remises promotionnelles se fait de plus en plus pressante.
« J’ai rarement organisé autant de promos en France, reconnaît Josep Buixeda. Avant, le rythme était de quatre opérations par an et par client. Aujourd’hui, c’est une par mois, avec un programme bouclé jusqu’en avril ! »
« Tant mieux si les Italiens sont plus compétitifs, parce qu’ils faisaient payer trop cher leur jambon, tacle un autre fournisseur ibérique. L’avantage des charcuteries espagnoles est qu’elle génèrent davantage de marges pour les distributeurs français. Un développement des ventes de Serrano leur est plus profitable que de nouvelles ventes de Parme. »
Avec de genre de compétition, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les acheteurs en centrale adorent le marché des charcuteries étrangères.
Linéaires - le 7/12/2009
B. Merlaud