mardi 3 novembre 2009 - LE POPULAIRE.FR
Madrange : la justice tranchera
Le comité d'entreprise de Madrange, accusé de bloquer le plan de réorganisation prévu par la direction, était hier assigné en référé devant le tribunal.
Pour trancher le conflit qui les oppose, les représentants syndicaux de Madrange et leur direction se sont retrouvés hier après-midi en référé devant le tribunal de grande instance de Limoges.
Fait relativement rare, c’est la direction qui a assigné les représentants du comité central d’entreprise devant la justice pour, a-t-elle expliqué, « faire avancer le plan de sauvegarde de l’emploi ».
En clair, la société actuellement en proie à de sérieuses difficultés financières a décidé d’un plan de réorganisation qui doit s’accompagner de licenciements. Des réunions ont été organisées. Mais le CCE n’a pas voulu rendre d’avis, estimant qu’il manquait d’informations suffisantes et de repères sur les conditions de reclassement des salariés.
L’avocate de la direction Me Manuelle Puylagarde a dénoncé un « blocage abusif et un comité faisant volontairement traîner les choses ».
« Pour 2009, on prévoit 13 millions d’euros de pertes. Vous comprendrez que l’on ne peut pas se permettre un statu quo… », a-t-elle lancé.
« Qui sont les perdants si les difficultés s’aggravent ? », lui a rétorqué l’avocat du comité en se tournant vers l’assistance. « Ici, il n’y a pas d’inconscients. Il ne faut pas faire passer les salariés pour ce qu’ils ne sont pas. Ils savent qu’il y a des difficultés, ne le contestent aucunement. Ils demandent tout simplement à en savoir plus sur la visibilité de leur avenir. Ils savent bien que les premiers concernés, si la société va mal, ça sera eux… »
Quelques « voyous » lancés à destination du vice-président de la société ont fusé à sa sortie du tribunal. Une poignée de salariés a applaudi ces invectives. Le tribunal de grande instance rendra sa décision le 6 novembre sur la question. « Depuis deux ans, nous sommes à vendre. Depuis avril, on est dans le plan social de sauvegarde de l’emploi », expliquait Xavier, 30 ans, toulousain travaillant chez Madrange depuis 10 ans. « Je suis célibataire, je vis seul. Je serai certainement l’un des premiers concernés par le plan de licenciements. Forcément, c’est une situation qui est dure à vivre. A chaque réunion du CCE, on se pose toujours plus de questions. Et aujourd’hui, c’est à la justice de trancher… »