Louis Le Paih (88 ans) et Fernand Cargouët : tous deux anciens combattants résistants FTP. De la section Anacr de Pontivy, qui comprend encore 17 membres. Fernand a résisté activement à l'oppression nazie, mais a refusé de partir en Indochine. L'association nationale des anciens combattants résistants a tenu son assemblée générale, dimanche,au palais des congrès. Les rangs des anciens francs-tireurs partisans s'éclaircissent.
L'histoire
Ils étaient deux à être restés jusqu'au bout de l'assemblée générale, dimanche. « Nous étions encore quarante, il y a quelques années. Nous sommes actuellement 17 membres dont cinq amis... », constate Fernand Cargouët, 86 ans, président, secrétaire et trésorier de l'association, « dernier des Mohicans », en présence de l'aîné, Louis Le Paih (88 ans).
« Marcel Le Cocq, résistant dès 1940 et organisateur de l'Anacr, est mort l'année d'avant, à 91 ans. C'est lui qui m'a enrôlé en 1942, à l'âge de 17 ans. »
Le 9 mai 1945, lorsque le territoire est complètement libéré, on peut esquisser un bilan des pertes : 20 000 FFI ou FTP tués au combat, 30 000 fusillés, plus de 60 000 déportés dans les camps, dont la moitié ne reviendra pas.
La libération du pays est facilitée par la résistance, équivalente à quinze divisions selon le Général Eisenhower. Leur sacrifice permettra de sauver l'honneur du pays. Cependant, selon l'historien américain Robert Paxton, c'est bien « une guerre franco-française », qui s'est déroulée entre la milice et la résistance. Malgré la célèbre « affiche rouge » stigmatisant le groupe de FTP-MOI de Missak Manouchian en février 1944.
Au maquis du côtéde Kergouët
De cette année-là, Fernand Cargouët se souvient : « J'étais au maquis du côté de Kergouët. Des parachutistes français, qui s'étaient bien battus à Saint-Marcel, nous ont alors entraînés. Notre maquis était divisé en sections et nous tenions plusieurs villages. J'étais avec vingt autres FTP dans celle du capitaine Alexandre. Les Allemands ont alors encerclé une ferme, où un groupe de FTP avait été localisé sur dénonciation. Les nazis ont brûlé le bâtiment avec le fermier dedans, en obligeant sa femme et ses enfants à assister à la scène. Un sergent des paras s'est alors sacrifié, en se jetant sur les Allemands avec des grenades ».
À partir de septembre 1944, il attaque les poches de Lorient et de Saint-Nazaire : « J'y ai perdu un copain de Stival, tué à mes pieds, par une balle perdue ». Incorporé au 118e RI, Fernand refuse de partir en Indochine en 1945 : « J'avais été résistant ici, je n'ai pas voulu tuer des résistants là-bas ».
Ouest-France - le 16/02/2010