ARNAUD DESPLECHIN, RÉALISATEUR, PRODUCTEUR.
« Comme coproducteur, cela me fait très plaisir de participer au fi nancement du film, parce que ce sont en plus des cinéastes que j’aime bien. Je trouve le film épatant, vif et direct. On assiste à la plus belle grève qui soit. C’est un travail de création politique qu’a mené la CGT : on comprend mieux les enjeux, donc on les habite plus. Nous réalisateurs, on a décidé de participer avec nos outils, ceux du cinéma. Juste avant les régionales, c’est un geste important. Ce combat est une des choses politiques les plus saines, heureuses, passionnantes, compliquées, qui se soit passée en France depuis longtemps. Avec les sans-papiers, on parle de vrais sujets : le travail, la famille, les salaires, la retraite… »
PASCALE FERRAN, RÉALISATRICE.
« Cette lutte des cinéastes vient de loin, notamment de l’appel à désobéir qui avait été lancé en 1997 par ce qu’on appelait alors le jeune cinéma français, contre le délit de solidarité dont était victime Jacqueline Deltombe, condamnée pour avoir hébergé un sans-papiers. Depuis, malheureusement, nous n’avons pas réussi à avoir la peau de cet article de loi, malgré une forte mobilisation. Aujourd’hui, il y a une telle suspicion vis-à-vis de l’étranger, de telles tentatives de division de la société française, qu’il fallait réagir. Au fond, c’est la question du vivre ensemble qui est posée par cette lutte. Un vivre ensemble qui est chaque jour un peu plus écorné par la politique du gouvernement. »
MATTHIEU AMALRIC, ACTEUR, RÉALISATEUR.
« Il s’agit de mettre en lumière une situation ubuesque. Car les décideurs politiques savent bien que ces sanspapiers sont indispensables. Même Berlusconi, en Italie, a régularisé plus de 600 000 sans-papiers ! Cela peut être le rôle du cinéma, aussi, de pointer ce genre de situation. D’autant que les entreprises pour lesquelles travaillent ces sans-papiers, on en entend parler tous les jours. Quand, en plus, on nous sert un discours sur la moralisation des traders, ou de l’argent, l’hypocrisie dont sont victimes les travailleurs sans papiers devient insupportable. »
TONIE MARSCHALL, ACTRICE, RÉALISATRICE.
« Tout le monde sait qu’il y a des milliers de travailleurs sans papiers dans les chantiers privés ou publics, tous corvéables à merci. Ces gens sont embauchés depuis sept, huit ou neuf ans, ils payent des impôts, des cotisations, et ne demandent qu’une chose : le droit de travailler avec des papiers. Juste pour ne plus avoir peur, pour vivre une vie normale. Ce fi lm fait la démonstration imparable de la nécessité de régulariser. Après l’avoir vu, il n’est plus possible de se dire qu’il ne faut pas donner de papiers à ces personnes… »
DENIS GHEERBRANT, RÉALISATEUR.
« C’est une évidence que de soutenir ce fi lm. Soutenir les travailleurs sans papiers, c’est soutenir tous les travailleurs et refuser ce processus de “délocalisation in situ” : ne pouvant pas délocaliser le bâtiment, on délocalise les travailleurs en leur refusant tout droit. Cette mobilisation est fondamentale car elle permet de retrouver un processus de lutte dans un monde professionnel organisé autour de la sous-traitance, dans laquelle les travailleurs restent très isolés. L’écho de toutes ces actions n’est toujours pas à la hauteur de ce qu’il devrait être. La bataille continue, sachant que c’est toujours des sans-espoir que vient l’espoir… »
PROPOS RECUEILLIS PAR M. B. ET A. F.
L'humanité - le 24/02/2010