À la rencontre des automobilistes... PHOTOJ.-C. BAYON Avant l'hypothèse d'une suspension du mouvement lancée hier soir à Paris, ...
la propagation de la grève dunkerquoise aux autres raffineries françaises du groupe Total leur a redonné courage et idées. Soucieux de conserver le capital sympathie dont ils bénéficient désormais dans l'opinion française, une vingtaine de salariés de la raffinerie des Flandres sont allés hier à la rencontre des automobilistes, « pour leur expliquer que le blocage des raffineries, ce n'est pas pour les embêter », insiste Clément Mortier, pompier à la raffinerie.
« On est avec vous ! »
Vers 15 heures, les clients de la station d'Auchan Grande-Synthe ont vu avec un étonnement amusé de grands gaillards en bleu de travail se pencher à la fenêtre pour leur proposer de faire le service. Symboliquement, des dizaines de tee-shirts siglés « Grand arrêt 2010 » ont également été distribués. Ce fameux grand arrêt initialement prévu en mars puis finalement annulé, sans lequel l'autorisation d'exploitation de la raffinerie ne sera pas renouvelée.
« L'entreprise avait fait imprimer quatre mille tee-shirts pour l'occasion. Alors autant qu'ils servent... » soupire Alexandre Lefebvre, opérateur, qui a fêté dimanche ses « neuf ans de boîte ».
Derrière les pare-brise, les automobilistes sourient, font un signe de la main. « On est de tout coeur avec vous ! », lance Fabienne, de Gravelines, pourtant venue « faire de l'essence » parce qu'elle craignait la pénurie. Noël a proposé de donner une petite pièce, en soutien : « On vit à Dunkerque, et forcément, avec ce qui se passe chez Total, on se demande ce que va devenir le tissu industriel, la ville et ses habitants. Surtout les nouvelles générations. » Sullivan, qui travaille chez ArcelorMittal, met en parallèle les situations des deux entreprises les plus emblématiques du port de Dunkerque : l'argument de la crise pour mettre à l'arrêt certaines installations, alors que les bénéfices restent phénoménaux. « La fermeture de l'usine, c'est pour quand ? » demande-t-il finalement au moment de reboucher son réservoir. « C'est pas encore décidé », lui répond à mi-voix Alexandre Lefebvre. Tous deux ont une trentaine d'années.
Toujours dans le flou
Les salariés dunkerquois de Total restaient dans l'incertitude hier soir. Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, répondant à l'Assemblée à une question posée par le député-maire de Dunkerque Michel Delebarre, a indiqué que le gouvernement était prêt à « organiser lui-même, au second trimestre, une table ronde » sur l'avenir du raffinage en France. Ce point figurait au nombre des revendications syndicales. La direction de Total, elle, s'est engagée à ne pas fermer d'autres raffineries que celle de Dunkerque dans les cinq ans.
Les salariés nordistes, qui s'étaient mis en grève le 12 janvier pour exiger des réponses claires sur leur avenir, vont devoir se prononcer aujourd'hui lors d'une assemblée générale. Au niveau national, le coordinateur CGT du groupe Total, Charles Foulard, s'est prononcé hier soir pour une « suspension du mouvement de grève ». Le syndicat, non majoritaire à Dunkerque, sera-t-il suivi par la base nordiste toujours pas fixée sur son sort ? Réponse ce midi lors de l'assemblée générale.
ESTELLE JOLIVET
mercredi 24.02.2010 - La Voix du Nord