Mercredi, un plan de continuation de l’activité de Fraisnor sera présenté devant le tribunal de commerce d’Arras. Lequel statuera ensuite sur les suites à donner. Le plan prévoit notamment un redimensionnement de la production à 4 000 tonnes (contre 9 000 avant la chute des ventes), une augmentation du temps de travail et la suppression d’une cinquantaine de postes. Pour la CGT, en désaccord, il existe une « annexe » à « ce plan qui ne vaut rien » : « le maintien de tous les emplois et un investissement de 3 M € », signale Christian Delépine, secrétaire du comité d’entreprise. Une somme qui n’est pas réunie, et qui pourrait l’être, selon le syndicaliste, à l’aide de subventions et de prêts : « la Banque publique d’investissement sert à ça, à faire un prêt à une PME comme Fraisnor. »
Mais ce que la CGT Fraisnor attend avant tout, c’est la concrétisation immédiate de la proposition de rachat des locaux de l’usine, faite par la communauté urbaine d’Arras. Cette proposition avait émergé mi-mars. Elle a été actée en réunion de conseil communautaire le 21 mars. Dans la foulée, 300 000 €, sur les 2,6 M € contenus dans la promesse de vente, ont été versés par la communauté urbaine d’Arras, permettant notamment de payer les salaires d’avril. « On a appris à la réunion du comité de pilotage du 26 avril que la CUA n’achète pas si Fraisnor n’est pas sauvé. C’est du foutage de gueule, râle Christian Delépine. Le 15 mars, Philippe Rapeneau, le président de la CUA, a dit que même si Fraisnor ne s’en sort pas, il a le bâtiment dans ses actifs. Il l’a dit au conseil communautaire. Il a dit que les 2,5 M €, c’est un investissement. On a bien enregistré. Il reste 1,2 M € à verser. »
Pour Christian Delépine, il s’agit d’une « promesse non tenue », et d’une « trahison ». « On demande de tenir parole, poursuit le secrétaire du CE. Si on arrive mercredi 15 mai sans 1,2 M €, le tribunal prononcera la liquidation de Fraisnor, et on sera licenciés économiques avant fin mai. Le premier plan de redressement, sans ce 1,2 M € est impossible. Le deuxième plan nous importe. Il nous faut au moins six mois. Si c’est liquidé, c’est la seule responsabilité de Rapeneau. C’est une trahison. » Christian Delépine estime que cette somme permettrait de relancer l’activité, et de tenir jusqu’en octobre. « On veut bien nous aider si l’entreprise est sauvée. Mais pour sauver, il faut des aides. On tourne en rond. Peut-être plus pour très longtemps », s’agace un salarié.
Agacé, Philippe Rapeneau l’est aussi. Il confirme que la vente dépend du plan de continuation, entre les mains du tribunal de commerce, et nie avoir fait machine arrière. «L’idée, c’est de sauver Fraisnor. On propose de racheter le bâtiment pour que de l’argent soit réinjecté dans l’activité. Si, le 15 mai, l’entreprise n’existe plus, l’argent sera réinjecté où ? Le propriétaire ne va pas remettre de l’argent dans une société qui n’existe plus. Le plan de continuation, qui sera débattu le 15 mai, prend en compte l’achat du bâtiment. La seule condition dans l’achat de ce bâtiment, c’est que l’argent aille à l’entreprise. Si le plan de continuation prévoit de sauver cinquante emplois, je maintiens aussi les engagements contenus dans la promesse de vente signée devant notaire, et on rachète le bâtiment. »
Une grève de la faim se profile
Il était de l’occupation du silo sous la neige. Il a marché de Feuchy au palais de l’Élysée. Il entamera une grève de la faim, lundi. Olivier Renaut est l’homme des actions coup de poing. Sa grève de la faim, Olivier Renaut va l’entreprendre pour obtenir une intervention de l’État (prêt ou actionnariat), l’élaboration d’un plan de redressement « en conservant tous les emplois », mais aussi pour que « le tribunal de commerce fasse confiance aux travailleurs de Fraisnor en nous laissant du temps pour rebondir financièrement », et pour que « Monsieur Rapeneau s’engage à verser de suite la somme promise aux travailleurs de Fraisnor. »
La somme de 1,2 M € réclamée par la CGT est obtenue de l’estimation de la valeur des locaux de l’usine (2,5 M €) à laquelle sont soustraits un million d’hypothèque et les 300 000 € d’avance versés par la CUA. Une autre question relative à la vente n’a toujours pas obtenu de réponse. Il s’agit de l’exonération de taxe sur la plus-value relative à la vente, estimée à 500 000 €. Elle permettrait de réinvestir la somme dans la relance. La réunion interministérielle du 29 avril n’a pas livré de réponse. « On n’a pas de réponse sur un impôt qui n’existe pas. Il sera calculé en 2014. Si on gagne la survie de Fraisnor, au niveau imposition, ça n’a pas d’influence immédiate sur la trésorerie. On pourra négocier avec l’État en temps voulu », estime Christian Delépine.
Pour l’heure, la production est à l’arrêt. La trésorerie ne permet pas d’acheter la matière première pour produire et livrer les clients. Certains d’entre eux appliquent des pénalités de retard. « Personne ne nous a fait de cadeaux », décrit M. Delépine. Les transporteurs utilisent la loi Gayssot, qui leur permet de ponctionner la dette sur les factures adressées aux clients. « Tous les clients ont provisionné les créances transporteurs pour 720 000 € . »
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